Heureux anniversaire, cher Monseigneur !

Ce 14 juillet 2023, au milieu de son peuple et avec ses collaborateurs, Mgr Jean-Pierre Delville rendait grâce pour ses 10 ans d’épiscopat par une messe célébrée en sa cathédrale Saint-Paul à Liège.

Malgré les festivités liégeoises du 14 juillet et les vacances de beaucoup, la cathédrale était bien remplie et les chants ont très joyeusement retenti !

L’épitre était tirée de la lettre de saint Paul aux Éphésiens (6,10-11 et 13-20) : Priez aussi pour moi : qu’une parole juste me soit donnée quand j’ouvre la bouche pour faire connaître avec assurance le mystère de l’Évangile.

Le psaume (bien sûr !) était celui dont est extraite la devise de notre évêque, psaume 45 : Le Fleuve, ses bras réjouissent la ville de Dieu.

L’évangile, enfin, venait de saint Jean (15, 9-17) : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime.

Sous la galerie photos, vous trouverez le texte de l’homélie de Mgr Delville.

Voici l’homélie qu’a prononcée Mgr Delville, homélie rétrospective de ces dix ans au service de notre diocèse.

Chers Frères et Sœurs,

Voilà un curieux 14 juillet ! Nous fêtons cela comme en France, mais un peu différemment quand même ! Non par la Marseillaise, mais par une messe d’action de grâces pour mes dix ans d’épiscopat. C’est l’occasion de remercier le Seigneur pour tous les dons qu’il m’a faits au cours de ces dix ans. Et paraphrasant une phrase célèbre de mon prédécesseur Aloys Jousten, je dirais volontiers : « mon cadeau, c’est vous ! »

Je pense d’abord à mes collaborateurs directs, les membres du Conseil épiscopal, avec lesquels je gère au quotidien le diocèse depuis dix ans, ceux de la première heure comme ceux de la dernière heure. Je pense aussi à tous les prêtres et diacres de notre diocèse, au clergé de cette cathédrale, aux religieuses, aux religieux et à tous les consacrés ; je pense aux assistantes paroissiales, aux membres des équipes d’aumônerie dans le monde de la santé et dans l’univers carcéral, ainsi qu’aux membres des services diocésains.

Je pense aussi à tous ceux qui s’engagent en paroisse ou dans d’autres communautés, spécialement aux catéchistes, aux membres des fabriques d’église et d’asbl. Je pense à tous ceux qui ont un engagement social dans les structures du diocèse ou dans d’autres organismes. Et puis je pense à tous les chrétiens engagés dans la vie familiale et professionnelle dans un esprit évangélique. Merci à tous !

Tous nous sommes engagés à notre niveau à la suite du Christ afin de vivre de sa vie nouvelle et de rayonner son évangile du salut autour de nous. Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés (Jn 15,17), dit Jésus dans l’évangile de cette célébration. Je pense spécialement à ceux qui ont le plus besoin d’amour, aux souffrants, aux malades et aux personnes précarisées.

Par l’amour, nous sommes déjà sauvés en espérance et nous sommes témoins actifs de cette espérance. Cet amour, nous avons pu le concrétiser par de nombreuses initiatives dans notre diocèse depuis bien longtemps. Dans les dix dernières années, celles que j’ai vécues de plus près, je soulignerai les éléments essentiels.

D’abord, la mise en œuvre du chantier paroisses et la mise sur pied des Unités pastorales, avec leur équipe d’animation, leur Conseil d’UP et leurs équipes relais, leurs équipes liturgiques et leurs équipes funérailles. Chaque doyenné a ses spécificités, j’ai pu le constater lors de ma visite pastorale, en particulier lorsque j’ai visité les deux doyennés de la communauté germanophone, qui bénéficient d’un vicariat spécifique. Les prêtres et leurs collaborateurs sont guidés par le Directoire des curés, publié en 2021.

La catéchèse a fait l’objet d’une vaste enquête qui a débouché en 2017 sur une assemblée diocésaine où l’on a voté de grandes orientations : on a lancé la catéchèse renouvelée, qui implique toutes les générations et qui lie la catéchèse à la célébration liturgique.

La communication de l’évangile passe aussi par RCF, notre radio dynamique, par notre service de presse et par les initiatives culturelles ou artistiques. Les fabriques d’église font l’objet d’un brain storming qui réunit tous les acteurs du terrain pour décider de l’avenir des églises-bâtiments en tenant compte de tous les paramètres.

J’ai valorisé le dialogue œcuménique et le dialogue interreligieux par diverses initiatives. L’engagement social a été soutenu par le Vicariat évangile et vie, par les centres sociaux, par Caritas Secours et par Entraide et Fraternité ; cela a débouché sur l’organisation de la Journée mondiale des pauvres chaque année à Banneux. Le service des migrants anime les nombreuses communautés chrétiennes d’origine étrangère. En outre, le diocèse s’est engagé comme diocèse en transition, en 2016, un an après l’encyclique Laudato si’.

Les soins de santé ont fait l’objet d’un vicariat spécifique, qui fonctionne avec de nombreuses équipes. Les mouvements spirituels ont été valorisés et accompagnés, ainsi que les sanctuaires, les lieux de prière et les veillées d’adoration. La vie consacrée a vu la fondation de nouvelles communautés internationales, la mise en valeur des communautés existantes et l’accompagnement des communautés vieillissantes. Les églises-bâtiments ont été valorisées autant que possible et plusieurs sont restaurées, comme la Cathédrale, Sainte-Croix à Liège, et bientôt Saint-Georges à Limbourg, la basilique de Cointe et bien d’autres.

Les écoles libres se développent et on y valorise la pastorale scolaire. Les acteurs pastoraux bénéficient du nouveau Vicariat à l’accompagnement, destiné à accompagner les prêtres âgés ou les prêtres accueillis dans le diocèse, mais aussi les équipes en difficulté ou les situations d’épuisement personnel. Tous les acteurs pastoraux bénéficient du vicariat à la formation chrétienne, qui a renouvelé ses murs et ses structures en dix ans. La pastorale des jeunes s’est développée avec une nouvelle capacité d’animation ; la pastorale des familles a développé la préparation au mariage et l’accueil des homosexuels.

Dans ce cadre nous avons dû affronter l’épidémie de COVID, qui nous a poussés à la solidarité et qui nous a stimulés en matière de communication virtuelle. Nous avons parfois perdu des pratiquants, mais cette année, nous augmentons le nombre de baptêmes. Puis, au funeste 14 juillet 2021, nous avons dû affronter les inondations et aider les victimes de toutes les façons possible, y compris avec l’aide de Caritas Secours. Merci à tous les bénévoles !

Ainsi, que de visages défilent sous mes yeux ! Que de prêtres sont décédés depuis 10 ans ! mais combien de nouveaux ouvriers sont venus à la vigne du Seigneur ! Certes nous sentons toujours les menaces de l’indifférence religieuse ; les menaces dues à la crise économique ; les menaces pesant sur le cours de religion dans l’enseignement officiel ; les difficultés à susciter des vocations de religieux ou de séminaristes.

C’est pourquoi nous devons nous mobiliser pour être des témoins toujours plus actifs et fervents de l’évangile. Nous sommes aidés en cela par le pape François et j’ai pu, comme évêque bénéficier de l’apport de ses encycliques ou exhortations comme Evangelii gaudium, Laudato si’ et Fratelli tutti. Dans cette optique notre diocèse s’engage sur le chemin synodal et met sur pied un Conseil pastoral regroupant des chrétiens laïcs de tous horizons et devant démarrer en septembre prochain.

Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés (Jn 15,17). Cette célèbre parole de Jésus est au cœur de notre foi. Il ajoute : Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous aimés. Donc Jésus se sent d’abord aimé par le Père. Il faut d’abord être aimé avant de pouvoir aimer les autres. C’est parce qu’on a été aimé quand on était petit enfant qu’on peut aussi aimer les autres plus tard. On a d’abord reçu l’amour avant de le donner. L’amour qu’on reçoit quand on est enfant est ce qui nous fait grandir et nous développer. Bref c’est l’amour qui est le propre de l’homme, l’amour au sens de l’affection, pas seulement au sens de l’amour sexuel ou l’amour passion. Sans l’amour nous ne serions pas là, nous ne serions pas vivants et épanouis.

Dieu est la source de l’amour, il est cet amour qui nous précède et qui se communique à nous par Jésus et par son évangile de la paix (Eph 6,15), et nous est transmis par nos parents et nos amis. Dieu est la source de l’amour qui nous est donné. Qu’il nous inspire tous les jours dans les années qui viennent ! Qu’il nous donne la foi et la joie ! Que celles-ci éclatent comme le feu d’artifice qui vous sera offert ce soir, pour ce mémorable 14 juillet !

Amen ! Alleluia !

P.S. Merci à 1RCF pour la publication de l’homélie !

Texte (hors homélie) et photos : AEN